CIA
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Cartes Pokémon 151 : où trouver le ...
Voir le deal

 

 Chapitre I : Marita

Aller en bas 
AuteurMessage
Loki
Administrateur
Loki


Nombre de messages : 3828
Localisation : Taintignies (B)
Date d'inscription : 13/03/2005

Chapitre I : Marita Empty
MessageSujet: Chapitre I : Marita   Chapitre I : Marita EmptyDim 15 Oct - 22:24

2 Prairial de l’an 34 de l'année du Karazootile

Tous les chemins mènent à Eckmül...
Expression célèbre



Ayant terminé son lait de granoé, Dénébra qui fait les cents pas se ressert immédiatement.
- Donc cet Emerick est le dernier bâtard de Martelin, vu que cette rognure d'excrément a éliminé tous ses enfants illégitimes, juste pour empêcher que l'un de ceux-ci ne puisse prendre la place qui aurait du revenir à son fils naturel. Lui imposer cette idée par influx mental, c'est un tour très pervers que tu as imaginé là Marita, dommage pour les malheureux qui en ont fait les frais.
Dénébra vide de nouveau son verre d'un trait, et alors qu'elle le remplit, sa compagne intervient :
- Tu devrais y aller doucement si tu veux garder les idées claires, et assieds-toi, tu commences à me donner le tournis.
- Mes idées sont claires, ma douce, contrairement au regard de cet enfant qui semble être passé de l'autre côté, comme tu le fis autrefois.
Marita se passe la main sur le visage, pousse un soupir avant de répondre d'une voix blanche.
- J'étais certaine de maîtriser la situation quand j'ai poussé le baron dans la folie. Cela faisait des mois que nous le manipulions, par petites touches au début, jusqu'à ce que nous nous relayions tous les trois, pour le harceler nuit et jour.
Dénébra s'arrête devant Marita :
- Je suis surprise que les farfadets se soient prêtés à ce petit jeu sadique.
- Tu sais, Phyl est très différent de Charmes, bien qu'il ne soit pas un sang rouge il est  plus dur. Enfin non, ce n'est pas vraiment ça, disons qu'il a un sens certain de la justice, qu'il juge et qu'il n'hésite pas à agir, avec violence s'il le faut. Je reviendrai plus tard sur nos petits amis qui se sont montrés indispensables. Je n'aurais jamais pu survivre sans eux. Charmes s’était liée d’amitié avec Emerick, elle l’aimait beaucoup, ça explique son abattement et sa morosité.

Marita se tait, comme si elle plongeait dans ses souvenirs. Le silence s'installant, Dénébra prend la parole.
- Pourquoi évites-tu le contact, qu'est-ce que tu me caches ?
- Chérie, ce n'est pas tant que je cherche à te cacher quoi que ce soit, c'est plutôt que je suis terrorisée à l'idée de pénétrer tes pensées. Ce que, hem, en fait cette fois, ce n'est pas seulement ce que j'y ai trouvé qui me fait peur, c'est surtout celle qui rôde en toi et qui hante les allées de ton esprit.
Dénébra penche la tête de côté et les sourcils froncés, la fixe sans rien dire. Après un long soupir, elle vide son verre pour la troisième fois et rajoute pour elle-même :
- Il est à craindre que je ne vais pas aimer ce que je vais entendre.
- Je le pense aussi, (désignant le verre de sa compagne), hmm, sers-moi le prochain, je vais en avoir besoin. Il y a tant de choses qui sont arrivées que je ne sais pas par où commencer.
Tout en lui donnant le lait de granoé, Dénébra lui dit :
- Commence déjà par le début. Qu'est-ce qui t'a poussé à me quitter sans prévenir et en m'interdisant de venir te rejoindre. Même si j'étais certaine que tu avais de bonnes raisons d'agir ainsi, je…
Comme si elle ne parvenait plus à s'exprimer, la grande femme s'assied enfin. Marita prend une longue inspiration avant de parler de la nuit où elle avait tenté de soulager sa compagne de la monstruosité qui lui rongeait l'esprit. Terminant son récit avec des tremblements dans la voix, Marita avale son verre en faisant la grimace, puis elle rajoute :
- Cette chose avait pris le pas sur moi, elle me possédait et n'avait qu'un seul but, t'anéantir. Elle dégageait une telle fureur dès que je pensais à toi que je n'ai eu d'autre choix que de m'éloigner pour te protéger. Reprendre assez de contrôle, à travers la douleur que cette saleté m'infligeait, juste pour réussir à sortir de la chambre, aura été l'épreuve la plus difficile de toute ma vie. Il s'en est fallut de peu que je devienne folle. J'ai pris la fuite dès que ça a été possible, car au plus je m'éloignais, au moins la présence avait prise sur moi, seulement j'étais tellement désespérée et si affaiblie que je sombrais tout de même, littéralement engloutie sous la poix noire du baôaot, je suis descendue, encore et encore jusqu'à toucher le fond, j'ai cru que j'étais perdue, que j'allais me noyer corps et âme…
Marita baisse la tête.
- Tu sais que je t'ai maudite des centaines de fois depuis que tu as choisi de récupérer ce corps, c'était plus facile pour moi quand tu étais un homme.
Se redressant, elle plonge ses yeux noirs dans ceux de Dénébra.
- C'est pourtant l'amour que j'éprouve pour toi qui m'a donné la force de me battre contre la douleur, le désespoir et la noirceur. Ne doute jamais de mes sentiments pour toi, ça serait trop cruel…
Avec empressement, Dénébra s'agenouille aux pieds de son amie pour lui prendre les mains qu'elle embrasse délicatement.
- Ma douce, ma toute douce, jamais je n'ai douté, jamais…
Regardant Marita en souriant, elle rajoute :
- Bien sur j'ai pesté contre les cieux, contre toi, contre ta guilde qui se met toujours entre nous, j'ai hurlé sur les malheureux qui avaient la malchance d'être à la portée de ma vindicte, j'ai brisé de la vaisselle, j'ai tué quelques affreux, et tout cela quand bien même je savais que ton départ devait avoir un sens. Heureusement, le tourbillon des évènements m'a emporté loin du vide que tu avais laissé. Beaucoup de choses me sont aussi arrivées et j'ai tant à te dire, mais pas avant que tu ne répondes à mes interrogations.
Passant doucement les doigts dans les cheveux blancs de sa compagne, Marita lui dit :
- Je m'excuse d'avance chérie, mais tu avais raison, certaines choses ne vont pas te plaire…
- Cette nuit là, dans ton esprit, j'ai rencontré une émanation de ton passé, une version de toi telle que tu étais il y a dix huit ans lors de notre première rencontre, à cette époque tu paraissais beaucoup plus âgée. Tu étais si dure et si hautaine.
Marita s’arrête de parler, inspire un grand coup et reprend son récit.
- Cette présence, ou cette réminiscence, je ne sais pas trop comment la définir, enfin elle, contrairement à toi, n'était pas amnésique, elle se souvenait parfaitement de qui et de ce qu'elle était. Elle a prétendu être Mordigane Dorsshalone, la dernière impératrice d’Atlantis. Elle se disait être la gardienne de l'imperium et que Dénébra était son nom de bataille. Je peux te dire qu'elle nous voue à toutes les deux une haine féroce. Elle a menacé de me faire endurer un sort pire que les tortures que tu as infligé aux hommes des baronnies. C'est dailleurs grâce à ses menaces qu'elle a réussi à me piéger avec le baoaôt. Je n'en suis pas absolument certaine, mais il y a de grands risques que cette Mordigane, hé bien c'était toi quand tu étais une impératrice atlante et ce « toi » m'a vraiment fait très très peur.    
Dénébra serre la main de sa compagne.
- Mordigane, c'est bien ainsi que ma mère m'a appelée dans une vision que j'ai eu il y a quelques jours.
- Une vision, c’est donc que tu as revu ta mère ?
- En effet, Sylass semble capable de faire remonter des souvenirs, des morceaux de mon passé, et pas des moindres.
Marita se montre étonnée :
- Je n'ai jamais détecté chez lui quoi que ce soit allant dans ce sens…
Dénébra hausse les épaules.
- Pourtant, après qu'il m'ait mordue l'année dernière, j’ai revu ma mère. Sauf que cette fois, le souvenir a été pour le moins brutal.
Dénébra ferme les yeux et hésite un peu avant de demander :
- Que penses-tu de Mordigane, ma douce ?
Marita se penche sur elle pour l'embrasser tendrement avant de rajouter :
- Je l'ai rencontrée cette Mordigane, et je préfère ma Dénébra, infiniment.
- C'est du prénom dont je parlais. La mienne était très jeune et possédait un sacré tempérament.
- Chérie, ce n’est pas ce que j’appellerais une surprise, tu as un sacré fichu caractère.
C'est presque machinalement que Dénébra continue :
- Donc quelque chose se balade en moi, une chose qui se souvient de mon passé, un passé dont moi j'ignore presque tout, vraiment quelle ironie. J'aimerais beaucoup rencontrer cette présence qui me trotte dans la tête…
- Mauvaise idée chérie, presqu'aussi mauvaise que cette vieille sorcière. Même si maintenant je sens que je saurai lui tenir tête, ne compte pas sur moi pour aller la rencontrer sur son terrain, pas encore. Je viens juste d'être délivrée du baoaôt, et en reprendre une dose tout de suite ne m'emballe pas du tout.
- Justement, comment as-tu fait pour te libérer de cette horreur ?
Marita se mord les lèvres avant de répondre.
- C'est compliqué à expliquer. Quand j'ai décidé d'achever le baron, je n'avais pas prévu certaines réactions. Ceux qui lui étaient restés fidèles ont cherché par tous les moyens à nous tuer. Emerick a reçu plusieurs coups d'épées alors que je le croyais à l'abri. Bien qu'il était loin de moi, c'est sa douleur qui m'a alertée. J'ai appliqué la même méthode que pour toi quand tu as été poignardée à Castel, mais à distance cette fois. J'ai stoppé les hémorragies et j'ai fait circuler le sang dans son corps, comme tu me l'as appris. Il m’a fallut traverser tout le château pour arriver jusqu'à lui. Je ne me souviens plus trop de ce qu'il s'est passé, mais ça a été le carnage. Alors que les farfadets protégeaient mes arrières, je balayais tout ce qui me faisait obstacle, les gens, les projectiles, les meubles, les portes et même les murs. Je n'avais qu'une seule idée en tête, revenir à Eckmül pour l'amener à un guérisseur. D'une certaines façon, j'y suis arrivée, sauf que si je suis parvenue à garder son corps en vie, il est passé de l'autre côté sans que je ne m'en rende compte et son âme l'a quitté.

Marita résume ensuite rapidement les évènements qui l'amenèrent dans le temple de Mâr Thô Tôt. Quand elle annonce qu'elle s'est liée au dieu, Dénébra se lève brusquement.
- Non, tu n'as pas fait cela !
Pour toute réponse, Marita lui montre l'anneau rouge qui lui orne le majeur.
- Et il t'a déjà mis une laisse, je vais serrer le cou de ce Lashmir et lui arracher sa grosse langue pâteuse. Étais-tu tellement désespérée pour tomber aussi facilement dans les griffes de ce petit dieu au nom ridicule ?

Marita hausse les épaules avec amusement quand elle répond.
- Et c'est la femme qui a invité chez elle ce grand chatgondin bleu à la voix enjôleuse et à la mâchoire effrayante, qui sait se rendre invisible et qui ressemble tellement au familier qu'elle a eu à Sembaris. Ce même familier qui, souviens-toi, lui a fait vivre un véritable enfer. Est-ce vraiment cette femme là qui ose me demander cela ?
Dénébra reste silencieuse un instant avant de répondre visiblement radoucie.
- Ce n'est pas la même chose, Cheezter n'est pas un démon...
- Tout comme ce Mâr Thô Tôt est très différent des dieux avec lesquels nous avons eu  des démêlées avant d'arriver sur Troy, et chérie, c'est une bague, pas une laisse.
- Pour le moment ma douce, pour le moment.
La "douce" affiche un grand sourire.
- Nous verrons bien, dans le cas où il chercherait à me jouer un vilain tour, il aura droit à une bonne fessée, après tout, il me considère un peu comme sa mère.
Dénébra se verse le fond de la carafe et se rassied.
- Sa mère, j'aurai absolument tout entendu aujourd'hui…
Puis une fois de plus, elle vide son verre.
Marita reprend avec amusement :
- En fait, pas encore. Comme tu le sais, ce soir je dois me rendre à l'ambassade du darshan pour assurer la formation des invités de la cérémonie de demain. J'en profite pour te rappeler que nous y accompagnerons Hoppy et Lampernisse.
Avec une moue dubitative, Dénébra retourne son verre comme pour s'assurer qu'il est bien vide.
- Je n'ai pas oublié, c’est même cet évènement qui m’a fait tenir, puisque je savais que tu reviendrais pour cette soirée. Tu ne pourrais pas faire venir Armand avec un autre pichet ?
- Tu sais bien qu'il déteste que je le contacte par la pensée, et puis ça ne serait pas raisonnable. D'ailleurs, en parlant d'être raisonnable, j'espère que tu le seras  quand nous rencontrerons la délégation du darshan.
- Oui maman, je serai sage et polie avec le petit dieu et ses larbins, c'est promis. Toutefois, ce n'est pas moi qu'il faudra surveiller le plus, Hoppy risque de se montrer des plus acerbe demain.
- Hmm, et pourquoi cela ?
- Notre protégée a tenté d'aider une créature de Badwä, et disons que pour la remercier, il lui a fait un cadeau. Elle a pu découvrir que les dieux agissent souvent sans demander leur avis aux pauvres mortels que nous sommes…
- Un cadeau ?
- Badwä l'a envoyée chez le dieu du bricolage et de la vapeur, tu vois le genre. Ce dernier s'est empressé de lui mettre un assemblage de sa conception dans la tête, et puis dans sa lancée, Anty-bio, c'est le nom du bricoleur de têtes, en a profité pour la charcuter par-ci par-là.
Marita avec un air effaré porte la main à la bouche.
- Mais c'est affreux, la pauvre petite. J'ignorais cela…
Dénébra hausse les épaules.
- Mais non, bien au contraire. Ce dieu du bricolage a réalisé une véritable œuvre d'art avec elle. Quand à ce qu'il lui a mis dans le crâne, c'est censé lui permettre de voir des choses cachées, d'observer l'intérieur des corps par exemple. Pour la  Grande Damoiselle de la Guilde des Médecins, c'est un présent vraiment royal. Que ne donnerais-je pas pour bénéficier d'une telle capacité. Tout ça pour te prévenir que Hoppy est plutôt remontée contre les dieux et le cortège de désagréments habituels qui vont avec.

Marita réfléchit un instant avant de prendre un air rusé :
- Comme demain soir je vais avoir fort à faire pour que les invités d'honneur s'en sortent avec les exigences protocolaires darshanides, je compte sur toi pour m'aider à garder Hoppy sous contrôle.
Dénébra pousse un profond soupire.
- Me voilà garde chiourme maintenant…
Marita éclate de rire.
- Tu exagères, heureusement qu'elle ne t'entend pas !
La grande femme rajoute en ricanant :
- Elle taperait du pied en me traitant de sorcière.
Se levant, Dénébra fait une imitation très fidèle de la Damoiselle. Tapant du pied elle sert les poings et prenant la voix de Hoppy elle crie :
- Rhaa, Dénébra, tu n'est qu'une vieille sorcière horrible et médisante.
La darshanide rit de bon coeur, avant de reprendre d'un air plus sérieux :
- En parlant de sorcière, tu as l'air en forme.
Dénébra effectue une courbette compliquée.
- C'est charmant, merci.
Pointant son index sur son crâne, Marita demande :
- Comment ça va de ce côté là ?
Devenant sérieuse à son tour, Dénébra recommence à faire les cents pas.
- Beaucoup estimeront que je suis toujours aussi cinglée, pourtant il y a peut-être du nouveau, même si c'est assez embarrassant.
Elle prend une grande inspiration avant de continuer.
- On a toujours cru que j'avais perdu mes pouvoirs, mais ce n'est peut-être pas le cas. Il se peut que les essences que je capte en plus des effluves malsaines qui s'introduisent dans notre réalité quand je la déchire alimentent aussi ma magie. Le comble c'est que cela fait des années que j'évite de faire appel à cette obscurité tapie en moi alors que c'est sans doute là que réside tout mon potentiel. Je suis vraiment une imbécile !
Marita réfléchit un moment avant de se frotter les mains avec gêne.
- Tu es bien des choses ma chérie, mais une imbécile, sûrement pas. Vu les dégâts que tu as causé la dernière fois, sans parler de ce que cela nous a déjà coûté, je pense que c’est mieux ainsi.
- Comme toujours tu as raison ma douce, mais le baôaot m'a aussi permis de survivre a un feu qui aurait dû me carboniser, comme si je l'avais utilisé pour me régénérer, ce qui me permet de t'annoncer que j'en suis débarrassée…
Dénébra pointe son index sur son front et rajoute :
- Et que donc tu ne risques rien à entrer dans mes pensées, ça serait tout de même plus facile et plus rapide que de tout devoir se raconter ainsi.
- Et me priver de cette voix éraillée qui m'a tant manqué, non chérie, pas encore, laisse-moi du temps. Sans compter que nous savons toutes les deux ce qui va se passer si je te rejoins, et même si j’en ai très envie, nous n'avons pas le temps pour ça. Je pense qu'il faudrait plutôt aller voir comment se passe l'installation de tout ce petit monde, ça te permettra de faire plus ample connaissance avec notre garde du corps attitrée.
Dénébra hausse les épaules.
- Comme si on avait besoin de ça !

Marita prend un air faussement outré.
- Sois un peu respectueuse chérie, c'est  un maître assassin que l'on nous a envoyé, ce n'est pas rien, c'est en vérité un grand honneur. Peut-être même qu'elle pourra t'éviter de brûler, de te faire frapper, taillader, écharper, éventrer, étriper, énucléer, amputer ou que ne sais-je encore...
- Hmm tu exagères. Toutefois j'aimerais savoir qui est ce « on », que je puisse le remercier d'un coup de pied bien ajusté dans ce qui lui sert de fondement.
- Chérie, comme c'est une décision du grand conseil et des hautes autorités de nos guildes respectives, tu risques de devoir lever la jambe un grand nombre de fois si tu veux tous les remercier.
- Charmes pourrait m'aider, une fois que ces vieux cornichons auront déposé leur séant, ça m'évitera des efforts inutiles. Et puis ça amuserait beaucoup la farfadette, ce qui lui ferait le plus grand bien, tu ne crois pas ?
Imitant le ton de Dénébra, la darshanide laisse tomber :
- Certainement, mais ce serait un peu déraisonnable, tu ne crois pas ?
Avec un air mutin, Dénébra rajoute :
- De toutes les manières, la seule qui gardera ton corps ici, ce sera moi.
- Ho pour cela, je lui en ai déjà touché un mot et elle sait qu'elle ne doit pas laisser traîner ses grands pieds entre nous.
- Et Dermelune, comment prend-il ça ?
- Depuis ce matin, il s'est  passé tellement de choses que je ne crois pas qu'il a eu le temps d'y réfléchir. Il était avec ce Lashmir quand j'ai débarqué dans son bureau. Il s'amusait beaucoup d'une idée géniale à propos du Magohammot, mais comme je n'étais pas en état de tout comprendre, tu devrais voir avec lui ce qu'il a dans la tête à propos de cette petite révolution qu'il prétend mener au grand conseil.
- Hmm, et ce Lashmir justement que vient-il faire ici ?
- Ça c'est le plus amusant, lui il est venu de Castel Rhubin rien que pour toi, enfin pour t'apporter un message, quoique…
- Quoique ?
- J'ai vu en lui l'effet que tu lui fais, il te trouve effrayante, mais...
Marita sourit quand elle rajoute :
- Mais surtout, il te trouve très attirante, au point que j'en éprouverais presque de la jalousie...
Dénébra se laisse tomber sur son siège.
- Récapitulons un peu : tu es devenue la mère de ce petit dieu aux yeux noirs dont le paladin me trouve à son goût, il y'a une méchante version de moi qui hante les méandres de mon esprit, Dermelune fomente une révolution, une garde du corps envoyée par les plus hautes instances vient nous surveiller et nous allons devoir éviter l'incident diplomatique entre Hoppy, le darshan et le panthéon de leurs petits dieux. En parlant des dieux, ce Badwäh prétend que les pouvoirs augmentent et que ce serait une manœuvre du Magohammot pour se défendre du « chasseur ». Aurais-je oublié quelque chose ?
- Ton Cheezter que tu omets sciemment et un dernier évènement que tu ignores encore. Quand Mâr Thô Thot à apperçu les farfadets, il les a salué avec déférence en parlant d'une prophétie liée à leur retour. Ha, il me semble qu’il les a appelés les éternels. Il va falloir comprendre ce qu’il entendait par là...
Dénébra se passe la main dans les cheveux.
- C'est une sacrée liste, et je gage qu'elle risque d’encore s'allonger.
- Tu as raison chérie, tu devrais rapidement aller aux enseignements.

Marita étouffe un baillement.
- Je suis exténuée, il faut que je dorme sinon je ne serai bonne à rien ce soir, sans compter que demain matin, le conseil de la guilde va se faire un plaisir de me faire une quantité de reproches quant à mes mois de fugue et de non respect de leurs ordres et consignes. La mort de Martelin ne va pas leur plaire, c'est certain.
- Ne veux-tu pas que je t'accompagne pour affronter ces vieux râleurs ?
- Si, mais comme Streboli te déteste autant que tu le méprises, ça ne ferait qu'empirer la situation. Je vais faire comme d'habitude : laisser passer l'orage en leur promettant d'être sage et obéissante à l'avenir.
Dénébra se dresse avec fureur.
- Un jour, ma douce, je leur ferai payer pour tout ceci. Tu es tout de même la Grande Dame de cette guilde de faux culs !
La darshanide se lève et s'approche de sa compagne pour lui placer un doigt sur les lèvres.
- Ce n'est qu'un titre, tu le sais bien.
Glissant doucement le doigt de la bouche de Dénébra jusqu'à sa gorge, elle l'embrasse langoureusement avant de rajouter :
- Plutôt que de t'énerver en vain, peux-tu demander à Armand de me réveiller ce soir, en me préparant un bain et de quoi m'apprêter pour l'ambassade ?
La grande femme répond longuement au baiser de Marita avant de lui souffler à l’oreille :
- Voilà une manière bien habile de me congédier, toutefois, tu ne t'en tireras pas aussi facilement…
En papillonnant des paupières de façon provocante, Marita lui répond d'une voix chaude :
- Je te promets de me racheter de ces mois d'absence, dès ce soir.
L'atlante lui demande juste avant de refermer derrière elle :
- Crois-tu vraiment que je comptais te laisser le choix ?

Une fois que son amie s'est enfin retirée, Marita se débarrasse de ses escarpins et de sa robe pour rejoindre la chambre où le grand lit l'accueille avec sollicitude. Fermant les yeux, la belle femme fait le vide et profite d'être enfin seule avec elle-même, chose qu'elle n'a plus connu depuis les cinq derniers mois. Le sommeil l'entraîne rapidement dans un repos sans rêve alors que de légères volutes sombres s'échappent de ses paupières closes...
Revenir en haut Aller en bas
 
Chapitre I : Marita
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
CIA :: Les Sections :: Troy90 :: Nouvelle 11 : Réunion au sommet-
Sauter vers: